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26 mai 2007 6 26 /05 /mai /2007 00:39
Hâtivement et paresseusement cataloguer Pillow de quintet post-rock instrumental relève purement et simplement de l’injustice. Il est vrai qu’avec 3 guitares à bord, le groupe a de quoi tisser les lignes claires, fluides et nostalgiques attenantes au genre, mais renonce au cliché de la montagne russe, lui préférant les jeux de tiroirs-surprises, les virages parfaitement négociés, la concision et la transgression des genres.
Servis par une production impeccable rehaussant des lignes de basse chantantes au possible, les morceaux réservent cassures rythmiques et sautes d’humeur à chaque coin de rue. En plus d’être post-rock au sens noble et élargi du terme, Pillow injecte à faible dose (mais toujours au moment opportun) des lignes bienfaitrices de synthés analogiques, emprunte les riffs sautillants et énergiques du rock tout court, s’autorise des descentes lysergiques et vols planants (Far sound loops qui dissimule en son sein un clin d’oeil passager très floydien).
En dépit d’un nom laissant présager une tendance au statisme et à la somnolence, Pillow enchaîne morceaux mouvants et captivants, sans période creuse, tout en faisant preuve d’une énergie communicative, de ruse et de savoir-faire ostensible. Ce dont chacun pourra juger à l’occasion de leur tournée à venir, qui les verra passer le 9 juin prochain par la case Mouen fort la Zik.
 
Sébastien Radiguet
 
Tracklist
Radar view
Rust glory
Far sound loops
Jack in the fourth
Dubbed and boxed
 
Durée : 23’05
 
Date de sortie : 14 février 2007
 

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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 23:18
On avait quitté Strategy (Paul Dickow) en très bon terme avec son Drumsolo’s delight publié chez Audio dregs et Kranky. C’est de nouveau chez ce dernier qu’on le récupère dans un état de forme similaire avec un Future rock, qui bien que multi-facettes, n’a pas grand chose de rock.
Jouant toujours beaucoup avec la reverb, le delay et moultes effets, Strategy délimite mieux les contours de sa musique, la floutte moins que par le passé : ses morceaux se font plus rythmés (Paul tient lui-même les fûts en doublure des programmations), voire dansants en certaines circonstances (Cant’ roll back, Future rock, Phantom powered) : le mille-feuille accueille alors en son sein mimiques de claviers analogiques (genre clavinet) et cocottes de guitare funky. L’enracinement dans les terres dub est incontestable et perdure avec ses basses rondes caractéristiques, son flux et reflux réverbéré... Mais le dub semé ici est stellaire, dotée d’une forte composante ambiant, qui devient même majoritaire sur les caudaux Red screen et I have to do this thing, planants à souhait et enveloppé d’une brume indéboulonnable. Sur Stops spinning, Strategy enfile la panoplie du Moon safari, s’appropriant la tranquillité, le côté rétro et les voix vocodérisées du célèbre duo versaillais.
Et si le rock du futur ressemblait à ça, nous ne le bouderions pas.
(8.0) 
Sébastien Radiguet
Date de sortie : 7 mai 2007
 
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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 23:11
Parallèlement à ses multiples projets toujours à même d’étancher sa soif de productivité (Luomo, Uusitalo, Sistol, Conoco), Vladislav Delay sort sous son propre nom et sur son label Huume une musique aux frontières de l’ambiant, du dub et d’une expé accessible, qui prédispose à une plongée en pleine torpeur.
A l’image de ses prestations scéniques se déroulant dans un calme religieux, montrant un homme appliqué et absorbé, Whistleblower avance par petites touches (le développement des morceaux s’étend jusqu’à 13 minutes). Nappes léthargiques, basses rondes et abyssales instaurent un climat ample et hypnotique sur lequel se greffent, suivant des lois architecturales réfléchies, samples morcelés, douceurs réverbérées et projections électroniques distordues.
Parfois, ces incursions syncopées dessinent des contours rythmiques, peu à peu identifiables, venant briser le givre ambiant et réflexif.
Une bande son pour déambuler, par une pleine nuit froide, dans une mégalopole déserte et éclairée aux néons.
(7.5) 
Sébastien Radiguet
 
Date de sortie : 7 mai 2007
 
 
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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 23:06

Depuis la parution d’Hausarbeiten, les trois années écoulées auront vu Christoph Döhne légèrement dynamiser son langage musical, toujours taillé pour le dancefloor domestique et doté d’une touche artisanale palpable.
Rythmique appuyée avoisinant les 120 bpm, basse rebondie et moelleuse constituent l’épine dorsale et entraînante d’un album rusé ne rechignant pas sur les détails satellites,  quadrillé d’éructations synthétiques, d’effusions de voix découpées et déviantes, de quelques pêches de cuivre (Bonsoir son).
Le Rok n’en oublie pas le repos des jambes, proposant des épisodes plus down/mid tempo aux ambiances feutrées (Choped ride et son joli patchwork de cymbales morcelées, sa mélodie au Rhodes érodé).
Le timbre de voix aidant, les titres chantés Weak textarea et Cheeseball rappellent fortement le dernier James Figurine en date. Futé et malicieux, Le Rok ne néglige pas les exercices fantaisistes : en témoignent Happy apple et Altarboys, titres ivres, démantibulés et sous acide, parcourus de mélodies boostées aux champignons.
En point final, les notes de Feierabend voguent et éclatent telles des bulles de savons, et résument bien la tonalité piquante et le caractère éphémère de l’album.
(7.5) 
Sébastien Radiguet
Date de sortie : 16 mars 2007
 
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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 23:02
A moins d’un an d’intervalle se succèdent Margin et Fieldstone. Une période assez courte qui n’exclut pas une évolution musicale fort bienvenue dans le parcours de Jonathan Brewster, jeune musicien explorateur perché dans le Yorkshire. Marqué par le déménagement de Stray dog army (le label géré par son frère James, aka Mole Harness) vers les Minerals series ultra-limitées de Benbecula, Fieldstone étend sa palette sonore (en sus des habituelles guitares, on trouve melodica, cithare, accordéon...) et se trouve délimité par des contours moins flous, moins abstraits que son prédécesseur.
Ainsi Jasper Leyland tutoie à deux reprises (Caraway, Wheatear) les récentes prouesses du duo Mountains, élaborant de magnifiques entrelacs et millefeuilles superposant des boucles de guitares plus ou moins digitalisées, aux notes perlées et crépitantes, mêlées à des samples naturalistes. Et tout ceci avec cette même humeur pastorale et contemplative.
Sur les titres davantage remodelés, l’attention et l’immersion sont de mise pour mesurer la finesse du travail. Déjà plus abstrait, Lacewing, avec ses ondes sinusoïdes douces et euphorisantes, légèrement parasitées, ne laisse s’échapper que de petits motifs mélodiques profondément retouchés. Shallowflight, quant à lui, avec ses papillonnements numériques et nappes cuivrées, se veut plus fragmenté et concassé. Le caudal Fieldstone marque l’effacement total des traces mélodiques au profit de nappes ambiantes et de remous scintillants.
Eu égard le tirage limité de Fieldstone, il est vivement conseillé aux admirateurs de Mountains de prendre leurs dispositions.
(8.0) 
Sébastien Radiguet
  
Date de sortie : 19 février 2007
 
 
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 15:42
Si une forêt pouvait parler, qu’est ce qu’elle pourrait bien raconter ? C’est un peu la question que s’est posé un jeune musicien australien au moment de composer les morceaux de son premier album intitulé "The waking woods". A sa manière, il a créé un langage musical, quelque part entre l’organique et l’électronique, qu’il exprime dans un album de musiques électroniques aux contours expérimentaux et indistincts qui peut rappeler, pourquoi pas, les expérimentations sonores de Pierre Henry dans les années 60.
Ainsi on découvre une musique abstraite,  basée avant tout sur les répétitions de motifs et qui évoque une nature foisonnante, aux accents fantastiques, un peu à l’image du poisson multicolore qui orne la pochette du CD. Au final, un album étonnant, souvent déroutant pas totalement abouti, aux sonorités assez fluides mais pas un disque aussi facile d’accès qu’il n’y parait.
(7.0) Benoit Richard
 
Tovian – 2006
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 15:35

Peu auraient parié, il y a quelques mois encore, qu’un tel album paraîtrait sur le label Kill the Dj. Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence c’est bien l’album d’un songwriter qui parait ces temps-ci sur le label cher à Ivan Smagghe. Enregistré en quelques jours dans un appartement parisien, l’album de Jason Edwards respire l’authenticité et la fragilité d’un homme plus bourlingueur que rat de studio. Un homme qui a exercé différents métiers, voyagé ici et là avant de rencontrer les oreilles averties deSmagghe et de Cloé qui sélectionnèrent le titre "codeine" pour la compilation "Dysfunctional family". C’est donc tout naturellement que parait aujourd’hui sur le label du célèbre DJ ce disque à mi-chemin entre Simon & Gartfunkel, Syd Barett et Will Oldham.

Au programme : musique country-folk jouée avec des instruments fatigués (guitare, tambourin, banjo, sax...) et la voix envoûtante et chaude de Jason Edwards.
On peut donc dire que (ouest) est typiquement le genre de disque sorti de nulle part mais qu’on échangerait pas contre 100 barils de lessive. Que du bonheur !
(8.5) Benoit Richard
 
killthedeejay records/Nocturne - 2007 
 
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 15:28
Avec sa bonne tête de gamine, tout droit sortie de "la petite maison dans la prairie", Basia Bulat arrive avec son folk primesautier, en provenance directe… du Canada, où le disque a été produit. Dotée d'une voix à peine cassé, la jolie Basia nous livre un album varié, contrasté, qui nous en donne à écouter pour toute l’année. Du printanier "before I knew", de l’estival "I was a daughter" à l’hivernal "December" (facile !), la gamine nous dresse un joli florilège d’émotions mises en musique avec grâce et beauté et dont on ne veut pas se séparer trop vite.
Moins dépressive que Cat Power, moins excentrique que Joanna Newsom, et bien plus jeune que Joan Baez, Basia Bulat entre discrètement au panthéon des "folksingeuses" de talent avec 12 titres dont on espère qu’ils ne seront que le début d’une longue carrière.
(8.5) Benoit Richard
 
Rough Trade/PIAS - 2007 

http://basiabulat.com

 

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 23:14
Pour La double absence, second album de Thilges pour le compte de Staubgold, le combo d’électroniciens autrichiens s’en est allé chercher hors de ses frontières des musiciens baignant dans une autre culture musicale que la leur.
Ainsi en conviant le joueur de Oud Asim Al-Chalabi, qui jouit d’une grande réputation dans ses contrées, ainsi que la chanteuse iranienne Zohreh Jooya, Thilges propose un hybride intéressant et cohérent entre musique orientales traditionnelles et électronique typiquement germanique, où lignes synthétiques croisent programmations rythmiques, glitchs et autres débris digitaux. Un peu à la manière de Chronomad (Alien transistor), mais dans un registre ici davantage porté sur la mélodie, la sensualité orientale (non dénuée d’une certaine forme de mélancolie), soutenue par une trompette et quelques percus, s’acoquine bien avec les machines. Si la fusion s’avère réussie et convaincante sur les titres instrumentaux, l’apport vocal tend à lui donner un aspect world-music déjà moins avenant. Mais les pistes ici proposées ont ce quelque chose d’inédit qui rend le décloisonnement tout à fait louable.
(7.5)
Sébastien Radiguet
 
Staubgold / La Baleine - 27 avril 2007
 
 
 
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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 23:12
Andrew Pekler est plutôt du genre à se positionner là où on ne l’attend pas. Deux albums chez Scape, puis un chez Staubgold, et le voilà qui déboule chez Kranky avec un album véritablement surprenant et passionnant.
Cue consiste en une succession de savants jeux de boucles et engrenages, faisant se superposer avec précision et délicatesse samples souffleteux et magnétiques, doux larsens, discrètes percussions, séquences mélodiques puisant dans des sources électroniques intemporelles, et une palette instrumentale sous traitement digital (boîtes à musique, glockenspiel, guitare, orgue antiques et spectraux).
Si le début d’album peut apparaître un rien froid et mécanique, très vite l’atmosphère se réchauffe, incorporant quelques samples cinématographiques, nous conviant alors dans un épisode noctambule de science-fiction (Steady state), nous évoquant l’époque Silur d’un Tarwater à son zénith (Rockslide, Dim star).
Derrière cette mécanique de très haute précision avançant par petites touches, soumise à modulations et dérèglements de tonalité, se dissimulent d’étonnants et captivants générateurs d’images qui nous laissent sur le Cue.
(8.5)
Sébastien Radiguet
Kranky (mai 2007)
 
 
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