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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 23:09
Résidant à Helsinki, Hannu Karlajainen a depuis son plus jeune âge trituré les bandes magnétiques et les 4-pistes. Rien d’étonnant donc à ce qu’on en subisse ici les séquelles sous forme d’électronique givrée faite de souffles et craquements poussiéreux, mêlés à des nappes fragiles, toujours sur le fil. Ce givre numérique se laisse volontiers pénétrer par des influences classiques (clavecin, orgues astraux, pizzicati graves et violons haut perchés), et de délicates mélodies cristallines légèrement érodées (boîtes à musique, glockenspiel, xylphone).
Hautement inspirée par la nature en général, la musique de Hannu laisse également transparaître son autre grande source d’inspiration, à savoir le cinéma, notamment celui de Lynch, Tarkovski, Bergman, et bien d’autres.
Offrant à 2 reprises des plages plus enlevées, rythmées et lumineuses (l’une découpée un peu à la sauce Sora, l’autre dotée d’une Melodic touch non négligeable), Worms in my piano (qui ne laisse finalement qu’une maigre place au dit instrument, tant il a été rongé par ces vers) invite à un recueillement amené à se prolonger et à se répéter.
Fans des paysages désintégrés de William Basinski, de l’ambient d’Eno, des tristes musiques de poche de Colleen ou de l’obscure théorie isolationniste de Deaf center, Hunna est votre nouveau compagnon.
(9.0)
Sébastien Radiguet
Osaka / import (avril 2007)
 
 
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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 23:06
Trois années se sont écoulées depuis la parution de son premier album Posten 90 sur son propre label Pingipung, et voilà que City Centre Offices se charge d’accueillir Springintgut, masque artistique du jeune Andreas Otto.
Composé en partie dans le bouillonnement jovial d’Amsterdam et en partie reclus dans un lieu isolé et forestier en Allemagne, Park and ride est doté d’un caractère bivalent et dévoile diverses facettes de son auteur.
D’une part, on palpe très nettement la passion vouée à Mouse on Mars, avec des titres plutôt enjoués, aux mélodies et rythmes entraînants, syncopés, incrustés de détails, gorgés de digressions ludiques (le tubesque et imposant Colossos, le guilleret Whistleblow biker, frais comme une balade à bicyclette), mélodiquement soutenus par des cordes tantôt soyeuses (Day off), tantôt pincées et maritimes (Cousteau).
D’un autre côté, Springintgut retranscrit un état isolationniste à travers une électronica plus introvertie, à l’humeur maussade (Precastor, les ambiances tristounes de Seoul drops, les nébuleuses saturées de Everything in focus), voire obscure et inquiétante (basse profonde, craquements, larsens et samples de piano constituent l’épée de Damokles qui menace de s’abattre sur nous).
Park and ride aurait pu de manière plus explicite s’intituler Isolation and entertainment.
(7.5)
Sébastien Radiguet
City centre offices / La Baleine (mars 2007)
 
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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 23:02
Au fil des albums, et surtout depuis sa signature sur le label Morr,  le duo majeur Tarwater popifie sa musique sans pour autant dérouter son public ou jouer les infidèles à sa patte reconnaissable entre mille.
Toujours avec élégance et distinction, bannissant la surenchère et la surcharge, la paire fait dans la broderie fine, enfilant sur des tempi souvent pépères, des boucles incorporant davantage d’instruments réels (guitare, glockenspiel, orgue, clarinette...), laissant un terrain d’expression plus vaste à cette voix nonchalante, ce chant monocorde et monochrome. Les vétérans Bernd et Ronald nous surprennent même à officier dans un registre presque sautillant (When love was the law in L.A.), voire limite percutant et légèrement techno (Easy sermon).
Si certains déploreront les orientations pop (toute proportion gardée quand même) du duo, il n’empêche que Tarwater conserve une certaine classe et continue de nous gratifier de petits tubes à chantonner (World of things to touch, A marriage in Belmont). Et rien que pour ça, on s’incline.
(8.0)
Sébastien Radiguet
Morr music / La Baleine (avril 2007)
 
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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 08:16
On avait bien raison de voir en Thee More Shallows le plus digne héritier de feu-Grandaddy. Avec ce nouvel album qui fait suite au puissant More Deep Cuts, ces américains obsédés par la musique, le rythme et plus généralement tout ce qui sert à faire du son, nous servent ici 13 nouveaux titres rugueux et amples dans lesquels mélodies pop et expérimentations noisy font bon ménage. 13 titres d’où ressort une impression de richesse harmonique ainsi que des arrangements audacieux et vraiment remarquables.
Désormais rattachés au label anticon, suite à une rencontre avec Odd Nosdam, Thee More Shallows s’installe sur un label dont les dernières sorties tendent à montrer que ce dernier veut se démarquer de plus en plus de son image d’origine, celle d’un hip hop barré et avant-gardiste, pour aller vers une musique plus pop-rock mais tout aussi aventureuse et accidentée que ce que peuvent être, par exemple, les albums de Why?.
Richesse mélodique, expérimentations sonores, titres explosifs, puissance sonique sont donc au rendez-vous d’un album plus que réussi, en forme de confirmation, qui vient à point nommé pour palier le grand vide laissé par Jason Lytle et sa bande de barbus à casquettes.
(8.5)
Benoît Richard
 
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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 08:05
Après avoir publié sa musique sur la plupart des labels dédiés au genre ambient/post-rock, voilà que Jon Attwood et son Yellow6 atterrissent cette fois sur le label anglais Resonant pour, espérons-le, enfin une reconnaissance à la hauteur de son mérite. Et même si tous les albums de Yellow6 ne sont pas forcément toujours très réguliers en terme de qualité, ce Painted Sky est assurément un des meilleurs crus que l’on ait entendu depuis bien longtemps, depuis peut-être le sublime Disappear here paru sur Make mine music en 2003.
Sans vraiment bouleverser sa manière de faire, Jon Attwood nous offre ici un album basé avant tout sur les notes de guitares éparses, soutenues par une reverb’ omniprésente, qui évoquent instantanément les albums de Labradford ou de One Mile North. Sans pour autant proposer un album totalement dépouillé, le garçon agrémente sa musique de drones, de notes de pianos, de nappes de synthés et de beats électro pour un résultat qui nous plonge dans une ambiance minimaliste des plus agréables qui soient. Planant et lancinant, Painted Sky nous laisse au final la très belle impression de tenir là un album de musique simple et contemplative à la fois, évoquant des atmosphères calmes et profondes où le minimalisme est avant tout au service du beau. Amateurs de climats polaires, désertiques ou crépusculaires, ce disque est pour vous et rien que pour vous.
(9.0)
 
Benoît Richard

www.resonantlabel.com - 18 avril 2007

www.yellow6.com

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 01:29
Les étiquettes ont cette fâcheuse tendance d’amoindrir les qualités intrinsèques d’une musique. Pourtant, on ne prendra pas trop de risque à qualifier celle de The Buoys d’hybride électronica-post-rock à forte connotation ambient cinématographique.
Chacun des trois membres de la formation (dont Chris Cousin, aka Sofalofa, déjà croisé chez Ai Records et Bathysphere) ayant travaillé pour le compte du cinéma ou du théatre, rien de surprenant à ce que l’on retrouve ici des ambiances affûtées pour le grand écran, porteuses d’images.
Placé en ouverture, Absolutely nothing trompe bien son monde, sonnant comme un écho à retardement du splendide Quiet city de Pan american, offrant une ligne mélodique guitaristique à la reverb et aux harmonies dignes de Mark Nelson.
Au fil de l’album, on retrouve ces lignes claires de guitare, souvent en charge de tisser le canevas mélodique (venant s’enrichir à l’occasion de sources synthétiques ou de piano électrique), des nappes et vents numériques en mouvement perpétuel, des textures finement travaillées, des programmations rythmiques très en retrait, discrètes, mais constellés de détails microscopiques (généralement nichés dans les aigus).
Le climat s’obscurcit et véhicule une certaine angoisse lorsque Spider rôde, se fait plus vaporeux lorsqu’une voix féminine à la Hope Sandoval vient soutenir l’astral Solar.
Un peu à l’image du label n5md, Bathysphere nous propose à travers cet album un joli bout de chemin à la croisée de genres musicaux intimement et harmonieusement liés.
(8.0)
Sébastien Radiguet
 
Avril 2007 – www.cargorecords.co.uk
 
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22 avril 2007 7 22 /04 /avril /2007 22:40
Le jeune label aposiopèse fait paraître un ep au format mini-cd signé james mha, qui est en fait le projet solo d’un des guitaristes du groupe post-rock fago sepia, que l'on retrouve également sur ce petit label basé en Loire-Atlantique.
Dans un style plus calme que celui de sa formation initiale, le garçon propose un ep sur lequel on découvre 2 t
itres respectivement de 11 et 9 minutes qui évoquent ici plus un post-rock lent, clair, lumineux et planant, un peu à la manière de ce que peut faire des groupes comme Labradford, PanAmerican ou One mile North, à savoir une musique constituée de drones, de field recordings, de nappes de synthés et de longs passages de guitares, le tout arrangé au laptop.
Assez différent que les trois mp3 de
james mha proposés sur le site du label, ce ep 2 titres se révèle plus ouvert, moins expérimental et finalement très beau, très agréable  à écouter. Une belle découverte.
(8.0)
Benoit Richard

www.aposiopese.org - Avril 2007


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22 avril 2007 7 22 /04 /avril /2007 22:40
En deux albums, Sylvain Chauveau et Joan Cambon ont crée un petit univers sonore et musical dans lequel on s‘y est toujours retrouvé.
Dans ces deux premiers essais : "Cinématique" (en 2001) et "Angles" (en 2004), les deux musiciens tentaient une sorte d’introspection du monde qui nous entoure avec beaucoup d’à-propos et d’intelligence. Un poil différent de ses deux prédécesseurs, ce troisième volet laisse entrevoir une œuvre moins engagée, moins tournée vers le collage sonore mais plus vers la musique et le chant avec, avant tout, une grande présence de Sylvain Chauveau au micro, sans doute encouragé par le résultat obtenu avec son magnifique album de reprises de Depeche Mode.  
On ne distinguait plus les têtes est donc sans conteste l’album le plus accessible d’Arca à ce jour. Sans toutefois ne rien lâcher de ce qui fit le succès et la qualité des deux précédents, à savoir un post-rock parsemé de field recordings, le duo montre une réelle évolution dans sa démarche en intégrant la voix chaude et tranquille du grand Sylvain.  
La plupart joués sur un tempo assez lent, les morceaux dégagent tous une atmosphère prenante et trouvent parfaitement leur place dans un ensemble équilibré où la voix, les synthés, la batterie, la bass, la guitare, les fragments sonores tiennent leur rang quasiment à part égale. Très accessible, empli de mélodies plus belles les unes que les autres, soutenu par les arrangements délicats de Joan Cambon, l’album fait mouche sur chaque titre et se révèle bouleversant de beauté sombre et de mélancolie.

(8.5)
Benoit Richard

ici d’ailleurs/differ-ant - avril 2007


www.myspace.com/arcamusique

http://www.icidailleurs.com/artistes/arca.htm
http://arcamusic.free.fr

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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 23:43
On savait Yann Tambour (Encre) affranchi de toute contrainte de genre et de style, capable de nous surprendre à chaque nouveau disque et de nous emmener sur les sentiers les plus aventureux qui soient. Il le prouve et de quelle manière avec son projet Thee, Stranded Horse avec lequel il nous convie à une session acoustique durant laquelle, seul avec sa voix cabossée, sa guitare, sa kora, il nous offre un moment d’une grande beauté qui n’est pas sans rappeler ce que peut faire Devandra Banhart dans un même genre folk dépouillé et superbe à la fois.
Dans cet album où les cordes pincées tiennent le premier rôle (et quel rôle !), c’est la kora que l’on entend d’abord et surtout, cet instrument africain avec cette résonance si particulière, cette finesse du son si bien exploitée par Yann Tambour qui joue des arpèges comme des vagues, qui viennent et repartent inlassablement. En reprenant Marc BolanMisty Myst), le garçon montre qu’il n’est pas totalement coupé du monde et que son folk minimal et flamboyant est destiné au plus grand nombre. Avec cet album, il nous fait ressentir la musique comme rarement, avec l’impression étrange d’être tout à coté de lui.
Au total, 8 titres avec des sommets de beauté incomparables tels que "swaying eel"  ou "sharpened suede" qui nous font dire que l’on n’a jamais aussi bien chanté le folk dans nos contrées que sur cet album là.
(9.0)
Benoit Richard

Talitres/differ-ant - Avril 2007

www.myspace.com/theestrandedhorse
www.theestrandedhorse.com
www.talitres.com

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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 23:24
Le netlabel gallois Serein frappe très fort avec sa dernière sortie en date. Il s’agit d’une collaboration entre Otto Totland membre de l’excellent Deaf Center et Huw Roberts un gallois croisé sur quelques compilations. Ensemble ils sortent avec ce "Nest ep" un premier essai des plus concluants, pour ne pas dire des plus splendides.
Des notes de piano, des cordes pincées ou frottées, quelques sonorités éparses issus du laptop, le tout arrangé magnifiquement donne un mini album totalement bouleversant qui évoque aussi bien la musique de film, Satie ou une certaine musique contemporaine. On pense plus particulièrement à ce que peut faire Sylvain Chauveau lorsqu’il officie sous son propre nom ou encore à la musique du duo français Man.
Vous l’aurez compris, cet album est une petite merveille de musique profonde, qui invite à la rêverie, à l’évasion. 27’36 de bonheur à partager avec la terre entière !
(9.0)
Benoît Richard

Télécharger Nest  (zip) 27’36

Serein, mars 2007

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