3 mars 2008
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La gifle est immédiate mais douce. Seria démarre sur un nuage, perché à la même altitude que Clogs, avec un morceau-titre à la fluidité et au raffinement bluffant. Il est vrai qu’on n’a pas affaire ici à une équipe de bras cassés. Résidant à New-York, l’islandais Skúli Sverrisson a côtoyé des pointures, qu’il aura bien sûr pris soin de rameuter, à commencer par la visionnaire Laurie Anderson qui transcende de son chant psalmodiant et désenchanté One night of swords (autre moment fort), Jóhann Jóhannsson qui prend place derrière l’orgue, ou Amedeo Pace des Blonde Redhead, chez qui l’islandais a tenu la basse pour la mise sur pied de Misery is a butterfly et 23. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si, sur ce disque sacré album de l’année 2007 par le journal islandais Morgunbladid, on décèle par endroits des séquelles de la mélancolie lyrique du trio new-yorkais, surtout quand le jeu reconnaissable du frère Pace se double de cordes tristes et du chant féminin haut perché d’Ólöf Arnalds(Geislar hennar, Sungio Eg gaeti, Vaktir bu). Avec ce même recours à une palette sonore peu usuelle et cet enracinement profond dans la musique classique (voyez donc comme sonnent ces violons et violoncelles), la bande à Skúli accepte effectivement une vague comparaison avec Clogs, mais avec une plus forte propension à s’étirer et s’égarer dans des climats vaporeux et étoffés. Aussi serait-on tenté de voir là une sorte de réponse givrée aux français Centenaire (probablement la touche « baroque » apportée par les charango, dobro, clarinette et clavecin). Toujours est-il que ce classicisme tavelé d’originalité et de grâce n’aura pas volé le succès rencontré sur ses terres de contrastes.
(9.0)
Sébastien Radiguet
12Tonar / Differ-ant
Tracklist
01. Sería
02. Nineteen centuries
03. Geislar hennar
04. Spontaneous kindness
05. Sungio Eg gaeti
06. Binding garden
07. Dora Kime
08. Summer star water
09. One night of swords
10. Her searching hands
11. Vaktir bu
12. Slow sun
13. Morgum
Durée : 55’40
Sortie : 21 janvier 2008
Plus+
Le site officiel du distributeur Differ-ant
3 mars 2008
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Pour qui connaît un tant soit peu Miguel Marin, personnage icarien et rêveur, ce troisième album solo ne heurtera pas les habitudes. S’installant dans le même sillage que son prédécesseur, au point d’ailleurs d’en reprendre un thème et de lui faire subir de ténues variations (Dreams), You travelled my heart inside out vient démontrer une fois encore (artwork soigné à l’appui) combien l’espagnol a justement choisi son patronyme, celui d’un végétal qui aime se laisser caresser par le souffle du vent.
Toujours friand d’atmosphères graciles et évocatrices, Arbol dresse en arrière-plan une trame aérienne de nappes flottant comme autant de fins voilages, et y appose des mélodies à la douceur cristalline, laissant présider piano, glockenspiel, harpe plus ou moins digitalisée. En sus de Suzy Mangion (comme lui, ancienne collaboratrice de Piano Magic), la japonaise Eri Makino apporte sa contribution vocale vaporeuse et ténue, en parfaite harmonie avec la nature poétique du tableau musical. Le travail rythmique tient du fin ouvrage, imbriquant cliquetis, glitchs et autres éléments de récupération numérique, tout en subtilité et légèreté. La quiétude générale se voit passagèrement obscurcie par un tissu qui se densifie et grésille (Garda), pour se doter ensuite d’une dimension plus orchestrale sur un dénouement habillé de cordes ; histoire de revenir sur les notes et coloris cléments caractéristiques de l’ensemble.
(8.5)
Sébastien Radiguet
Lejos discos / CoD&S
Tracklist
01. You travelled my heart inside out
02. Nomi
03. Avio
04. 01_29
05. My life is full of rivers and mountains
06. Yume Utsutsu
07. Dreams
08. 00_58
09. Garda
10. Maria is a bird
Durée : 48’00
Sortie : 19 novembre 2007
Plus+
Le site officiel de CoD&S
3 mars 2008
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21:25
Qui de la terre ou de la mer remportera la bataille à Portland ? Mais de bataille est-il vraiment question dans ce premier album tenant à si peu de choses, et au dessus duquel plane en permanence une auréole de douceur cotonneuse. Sur le versant dominant, il y a Sarah O’Shura, soeur spirituelle de Hope Sandoval ou écho spectral de Cat Power, et sa guitare acoustique qui alterne finger-picking céleste façon Marissa Nadler avec accords égrenés au ralenti, dans leur plus simple appareil. De l’autre côté, légèrement en retrait, traîne le compagnon Joshua Canny muni d’une guitare électrique qui résonne au loin, parfois responsable de douces dérives euphoriques (Saltwater queen, I built the sea), qui envoie le duo rejoindre les sirènes patraques et lysergiques de Gnomonsong (Rio en Medio notamment). C’est d’ailleurs dans ce registre fantomatique et mystérieux, un peu ridé et maltraité, que la paire se fait la plus désirable. Même si lorsqu’elle s’attèle à davantage de conventions, élevant le tempo d’un poil et assainissant le climat pour se rapprocher du Carbon Glacier de Laura Veirs (Six days), leur bataille utopique, menée sous l’aile protectrice de MisOjos Discos, reste très recommandable.
(8.0)
Sébastien Radiguet
Notenuf / import
Tracklist
01. Saltwater queen
02. Birdsong
03. The beautiful ones
04. Harden my heart
05. Six days
06. I built the sea
07. Lady
08. You are a sailor
Durée : 32’34
Sortie : mars 2008
Plus+
L’espace MySpace de The battle of land and sea
3 mars 2008
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L’ancien leader de Kat Onoma et par ailleurs fondateur de l’exigeant festival “C’est dans la Vallée” du côté de Sainte-Marie-aux-mines en Alsace, j’ai nommé monsieur Rodolphe Burger, est de retour avec un album studio… et c’est un bon cru !
Si Rodolphe Burger n’a jamais été trop médiatisé, autant à l’époque de Kat Onoma que maintenant en solo, il le doit sans doute à un parcours musical aventureux et à des choix musicaux loin des modes, et souvent à contre-courant de ce que les médias attendent de la chanson française aujourd’hui. Confiné à un certain anonymat, Burger a pourtant toujours su garder une certaine ligne de conduite… quitte à en dérouter plus d’un. A l’aube de ce nouvel album et au regard du chemin parcouru, on ne peut être qu’admiratif devant une carrière sans concession et plutôt exemplaire.
Intitulé “No sport”, ce nouvel album marque le retour à la collaboration avec le Doctor L, déjà aperçu sur le premier album solo “Meteor show”. On retrouve aussi la plume de l’écrivain Olivier Cadiot, fidèle compagnon qui rend un bel hommage à un homme politique de la cinquième république (”Ensemble”). On saluera également la présence de Rachid Taha pour une leçon de grammaire arabe ludique (”L’arabécédaire”), mais aussi celle de James Blood Ulmer (Marie) et d’Ali Farka Touré qui, avec son Jurukelen (guitare à une seule corde), marque cet album d’une tonalité africaine.
Album multi-pistes, aux nombreux carrefours, “No sport” fait étalage d’une grand richesse stylistique, convoque le fantôme Gainsbourg (sur le Melodynelsonien “Lover dose”), avec un Rodolphe Burger qui, une fois encore, a revêtu sa panoplie d’alchimiste pour nous concocter un blues-rock maison, dont il s’amuse à modifier sans cesse la recette pour donner au final un disque ouvert et ainsi poursuivre la construction d’une œuvre sans partage dont il serait urgent de reconnaître la valeur… au même titre, par exemple, que le splendide “Far From The Pictures” de Kat Onoma.
(8.5)
Benoît Richard
Tracklist :
01 Avance
02 Lover Dose
03 Elle est pas belle ma chérie?
04 Rattlesnake
05 Vicky
06 Je tourne
07 Arabécédaire avec Rachid Taha
08 Ensemble
09 J’erre
10 Marie avec James Blood Ulmer
11 Blue skies
12 Ski-doo
13 Avec toi
14 Un nid
Label : Capitol/EMI
Durée : 61′
Sortie : 18 février 2008
www.rodolpheburger.fr
www.myspace.com/rodolpheburger
27 février 2008
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Voilà déjà quelques années que Teamforest disséminait ci et là des titres sous des formes diverses et variées : un EP substantiel sur le netlabel Starving but happy, un single chez Morr music, un autre chez Vanishing vanity, et puis une poignée de titres sur commande pour des compils ou des exercices de remix... Neuf années de dispersion, d’histoires au quotidien, de départs rêvés auront précédé la germination de Leave, album concept guidé par des envies souvent non assouvies de quitter, partir, abandonner ou encore oublier...
Avec une certaine économie de moyens (une guitare, un laptop, un mélodica et un clavier de poche suffisent amplement quand on prend le parti de ne pas éclabousser), Philipp Bückle ouvre son cœur, dévoile son intimité d’une voix souvent hésitante, empreinte de fragilité, sur une trame musicale laissant remonter à la surface des souvenirs qui nous sont chers. Consciemment ou non, Teamforest donne rendez-vous aux Famous Boyfriend, partageant avec eux une sensibilité et une musicalité commune, mais aussi aux trop méconnus Havergal, autres artisans particulièrement brillants quand il s’agit d’établir un équilibre précaire entre guitares légèrement remaniées et rythmiques chétives.
Des références nullement pesantes, qui devraient convaincre et persuader d’elles-mêmes, mais qui ne seraient pas grand chose sans la sincérité des propos tenus dans ce disque extrêmement attachant.
(8.5)
Sébastien Radiguet
Eglantine records / CoD&S
Tracklist
01. Leave the North, head southwards
02. Leave the boys of summer
03. Leave all your doubts about me
04. Leave palaces and castles
05. Leave another opportunity to feel better
06. Leave this town (on bicycle)
07. Leave your dreams
08. Leave your personal rode model
09. Leave festivus
10. Leave the thing you love the most
Durée : 33’30
Sortie : 3 mars 2008
Plus+
25 février 2008
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19:54
On a sans doute, tous, à un moment donné, pu apprécier les performances musicales des trois membres de Dirtmusic séparément, à travers les albums de leurs formations respectives, au cours des 15 dernières années.
Voilà donc réunis Chris Eckman (The Walkabouts, Chris & Carla, Willard Grant Conspiracy… ), Hugo Race (The bad Seeds, True Spirit…) et Chris Brokaw (Codeine, Come, Thalia Zedek…) pour un album à trois voix et pour rappeler à notre bon souvenir quelques figures de la musique country rock américaine “pas comme les autres”.
Si le projet Dirtmusic est d’abord la rencontre au somment entre trois figures, trois musiciens au background irréprochable, c’est également l’occasion de se rendre compte à quel point la musique country est belle et peut apporter de belles émotions quand elle est jouée comme ça.
Comme la bande son d’un long voyage à travers l’Amérique (genre le film “Into The Wild”), Dirtmusic nous balade dans les grands paysages nord américains au son des guitares, des percus, au son du folk bluesy et de ses rythmiques laid back qui ne sont pas sans rappeler, par moment, le projet The Notting Hillbillies de Mark Knopfler qui a connu son heure de gloire il y a quelques années.
Tout ça donne au final un ensemble bien équilibré qui dépasse largement les frontières du genre, entre blues et rock campagnard, des ambiances déclinées le temps de 12 titres pour aller du lever du soleil jusqu’au crépuscule.
(8.0)
Benoît Richard
Tracklist :
Erica Moody
The Other Side
Sun City Casino
Face Of Evil
The Returning
Still Running
Summer Days
Ballad Of A Dream
No Sorrow More
Panther Hunting
Wasted On
Morning Dew
Label : Glitterhouse/Talitres/differ-ant
Durée : 56′57
Sortie : 28 janvier 2008
www.talitres.com
www.glitterhouse.com
25 février 2008
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19:51
Découvert notamment sur la compilation en téléchargement libre “20 bands in a box” avec le magnifique titre “Lowell”, la formation lyonnaise Benjamin Fincher dévoile avec “Ellis Island”, un premier album plein de promesses et de fraîcheur dans lequel on va découvrir une pop maison, printanière et mélancolique à souhait. Si “Ellis Island”, est depuis longtemps une petite île située en face de New York, c’est aujourd’hui, et pour longtemps sans doute, le titre d’un album qui lui aussi fait figure de petite île, mais celle-ci presque déserte, habitée par quelques musiciens qui ont décidé de se vouer corps et à âme à la pop. et si le nom de Benjamin Fincher évoque le voyage, le mystère, la musique elle n’est pas en reste et invite à prendr al route, à parti pour une traversée au longs cours… mais pas seulement.
Se révélant très vite addictif de par ses mélodies légères, ce premier album surprend aussi et surtout par des arrangements aussi aventureux que surprenants qui, d’un titre à l’autre, réussissent à chaque fois à nous étonner. Sur une base “guitare, bass batterie chant”, viennent s’articuler cordes, orgue, ukulélé, percussions… pour un résultat qui donne au final un aspect très lumineux à l’ensemble.
Le groupe distille ainsi 14 titres, tout en retenue, dans un album qui se fait plus intime par moment, plus folk à d’autres, plus pop/rock encore à d’autres. Jamais prévisible, la musique de Benjamin Fincher se bonifie un peu plus à chaque nouvelle écoute ce qui finit par renforcer l’idée de tenir là un groupe véritablement en devenir. Si vous ajouter à cela un très beau livret, vous comprendrez aisément que cet album fait déjà partie des indispensables de ce début d’année 2008.
(8.0)
Benoît Richard
Tracklist :
01. Whaling Down
02. Why We Were Wrong
03. The Winter Song
04. Hollow Evening
05. Lowell
06. Calico Sky
07. The Man Who…
08. Montana Slim
09. The Void
10. Overflow
11. RealTv Artless
12. Jane B.
13. Escape Lane
14. Upcoming Day
Label : Autoproduit
durée : 52′52
sortie : 2 février 2008
www.benjaminfincher.com
25 février 2008
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Difficile de comprendre, après toutes ces années, après tant d’albums, que Idaho et par extension Jeff Martin, homme au centre du projet, n’ait jamais rencontré un succès à la hauteur des performances du groupe. Même à la grande époque du slowcore, Idaho peinait çà se trouver une place aux côtés des indiscutables Lambchop, Smog ou Palace. Pourtant un album tel que “Three Sheets To The Wind” (1996) était déjà la preuve éclatante que le groupe mérite pour toujours sa place au soleil.
Après un “The Lone Gunman” (2005) plutôt bien accueilli à sa sortie, Talitres a eu la bonne idée cette fois de rassembler sur un même disque “The forbidden ep ” et le mini album “Alas” parus initialement en 1997 et 1998 mais qui n’avaient pas été distribués en France à l’époque. Aujourd’hui remasterisées, ces deux “vieilleries” apportent une nouvelle pierre à un édifice déjà imposant, celui d’un groupe à part qui bénéfice depuis longtemps du statut, à la fois peu enviable mais respectable, de “trésor caché de la pop”.
Chant rocailleux et maladif, guitares trainantes, batteries fatiguées (on pense par moment à un Dinosaur JR apaisé) sont au programme de cette réédition que l’on appréciera plus encore sur les titres du mini “Alas” (sommet de ce disque) qui, bien que sorti en 1999, n’a pas pris la moindre ride… bien au contraire, un disque qui semble s’être bonifié avec les années. Bref, qu’on se le dise encore et toujours : Idaho c’est immense !
(8.5)
Benoît Richard
Tracklist :
The Thick and the Thin
Hold Everything
Goldenseal
Apricots to Armagnac
Bass Crawl
Jump Up
Tensile
You’ll Get to the Bottom of This
Scrawny
Only in the Desert
Run But you Rab
Clouded
Yestersay’s Unwinding
Leaves upon the Water
The Sun Is All There Is
Label : talitres/differ-ent
Durée : 52′22
Sortie : 11 févreir 2008
www.talitres.com
www.idahomusic.com
21 février 2008
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Que le japonais Kazumasa Hashimoto soit talentueux ne fait que peu de doutes, et Epitaph sorti en 2004 chez Flyrec demeure la preuve la plus tangible de sa capacité à enchanter. Que ce pianiste de formation classique, initié très tôt aux arts numériques, ait également un gros penchant pour la pop transparaissait très nettement dans son précédent et troisième album, le doux Gllia. Et Euphoriam n’en est que le prolongement logique, montrant un artiste laissant une large place au chant, à des structures plus concises et immédiatement appréciables. Mais ce que sa musique gagne en immédiateté et concision, elle le perd en magie, même si celle-ci subsiste lorsque le musicien retrouve la poésie instrumentale qui caractérisait ses premiers disques. Ainsi le charme opère-t-il toujours sur le vaporeux Velvet 36 ou le nostalgique Endless, avec sa douce pluie de piano qui perle.
En revanche, les titres chantés qui sont ici légion se révèlent être moins emballants. Bidouilleur dans l’âme, le japonais triture et déforme les voix, à l’aide d’un vocoder (le lumineux et gentillet Euphoriam fait montre d’un bon goût suspicieux), ou de tout autre filtre numérique déshumanisant. Dans ses moments les plus poppisants et lorsqu’il prend lui-même le micro, Kazumasa ressemble à un Shugo Tokumaru neurasthénique ayant laissé son grain de folie sur le bas-côté (Lonesome girl).
Ces quelques reproches formulés, il n’en reste pas moins qu’Euphoriam est un disque tout à fait plaisant, avec une palette instrumentale toujours aussi joufflue (piano, guitare, cordes, flûtes et autres vents, batterie, xylophone...), délivrant des petits édifices rêvasseurs, à cheval entre pop, musique classique, électronique discrète et poésie, très en phase avec une nature printanière et paisible.
(8.0)
Sébastien Radiguet
Noble label / import
Tracklist
01. Count my sheep
02. Lonesome girl
03. Euphoriam
04. Velvet 36
05. Londo
06. Vagrantones
07. Ballad
08. White butterflies
09. Endless
10. Perhaps I never meet you
11. Goodbye Miss Wiggie
Durée : 41’30
Sortie : 14 décembre 2007
Plus+
Le site officiel de Kazumasa Hashimoto
21 février 2008
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Disons les choses très clairement : Mosz n’est pas de ces labels à faire dans la guimauve, mais plutôt du genre à accueillir à bras ouverts les disques un peu ardus. Bien qu’accessible, ce Playing by numbers ne déroge pas à cette règle, en ce sens qu’il est de constitution un peu inhabituelle et suit une démarche artistique qui tient de l’ascèse.
Duo constitué de Nicholas Bussmann (électronicien et violoncelliste) et Martin Brandlmayr (batteur d’une rigueur et d’un doigté remarquables, bien connu pour son rôle clé joué au sein des austères Radian), Kapital Band 1 accouche ici de trois morceaux radicalement différents.
10 minutes montre en main, Playing by numbers voit batterie et électronique échafauder une trame rigoureuse et froide (pourtant douce), sur laquelle viennent se greffer des éléments acoustiques et mélodiques à l’état particulaire (violoncelle, glockenspiel, flûte), dessinant des motifs minimaux et répétitifs, venant arrondir les angles d’une musique qui évoque un Radian épris de mélodie (toute proportion gardée, évidemment).
Cette belle entrée en matière glisse vers une longue pièce ambiante, inspirée d’une scène de vie nocturne dans les rues de Vienne, où 15 minutes durant, cohabitent bruits de rue lointains, va-et-vient de nappes Eno-esques (ou plus exactement façon Avalon Sutra d’Harold Budd), et légers roulements de cymbales et vibraphones.
Pour clore le triptyque, le duo dédie son Counting the waves à Nam June Paik et Vashti Bunyan, dans une veine toujours épurée, avec un édredon flottant de cristal digital qui accueille en son sein une voix masculine mal assurée et quelques effleurements de cymbales. Et puis c’est tout.
(8.0)
Sébastien Radiguet
Mosz / La Baleine
Tracklist
01. Playing by numbers
02. Playing the street in Vienna
03. Counting the waves
Durée : 33’08
Plus+