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31 mars 2007 6 31 /03 /mars /2007 14:37
Rykestrasse 68, c’est précisément le lieu de résidence berlinois occupé par Hanne Hukkelberg durant 6 mois, période nécessaire à la germination de l’album du même nom. Sa récente consécration aux Grammy awards norvégiens n’est pas sans soulever un certain nombre de questionnements, notamment sur la crédibilité de ce genre de récompense d’un pays à l’autre. Bref, toujours est-il qu’en Norvège, dans ce cas précis, il semblerait qu’on ait les oreilles moins crottées et plus fureteuses qu’ailleurs.
 Après un premier album (Little things) paru sur le classieux label Leaf, ce second opus déjà sorti dans son pays natif, fait son apparition à retardement dans nos contrées. Même si l’on retrouve avec plaisir ces petites chansonnettes qui semblent ne tenir qu’à peu de choses, nul doute qu’Hanne Hukkelberg a pris du poil de la bête. Sa voix à cheval entre la chanteuse d’antan et la frêle poupée scandinave a conservé son charme intact, tout en prenant un peu d’assurance. Cette voix, qui apporte une lourde contribution au caractère du disque,  se suffirait presque à elle-même, charme lorsqu’elle dialogue avec un unique violoncelle (le paradoxalement nommé Obelix, si fragile), nous plonge dans un film noir et blanc, profitant du soutien de quelques accords de piano et de bandonéon, quelques notes pincées à la contrebasse (The pirate). Ces chansons, dont l’aspect chétif et bricolé peut rappeler la bedroom pop des soeurs Cocorosie (instruments jouets, claviers Casio, rythmiques faites de brics et de brocs, de claquements de doigts, de mains....), bénéficient d’orchestrations plus soignées et étoffées, prennent souvent des directions et envols pour le moins surprenants (le refrain swing de Cheater’s armoury, par exemple), clament fort leurs envies de grands espaces, invitant alors des cordes et choeurs angéliques (The northwind), dérivent de couplets fleurant l’artisanat lo-fi vers des refrains dignes de la haute couture façon Stina Nordenstam, voire la Björk des débuts (le tube Ticking bomb qui roule des mécaniques implacables).
 Mais pourquoi donc Leaf n’a pas joué des pieds et des mains pour renouveler la signature de cette poupée voleuse ?
(8.5)
Sébastien Radiguet
Nettwerk - 2 avril 2007


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